Etant expatrié, j’ai plus tendance à suivre les infos tunisiennes via les chaines françaises.
Ces dernières ont pris le parti d’axer leurs reportages sur une dualité simple, voire simpliste :
Ennahdha, un parti masculin conservateur, matraquant la société de valeurs islamiques, de pudibonderie et d’incitations liberticides aux bonnes mœurs. En face, des femmes –toujours-, belles et jeunes –souvent, qui résistent et se rebellent au milieu d’une société résignée.
J’ai l’impression que ce prisme est à la fois déformant des faits et rassurant pour les reporters occidentaux.
J’ai surtout souvenir que l’islamisation de la société s’est faite par le bas, à la fin des 90’s avec l’explosion des chaines satellitaires, et avec Amr Khaled – prêcheur télégénique pour midinettes- comme tête de pont.
C’est d’ailleurs à cette période là que le voile est réapparu en force, poussé par le ressentiment des musulmans humiliés par la conjonction d’autres événements internationaux ( le 11/09, l’invasion de l’afghanistan et de l’irak).
Je prétends donc que l’islamisation de la société s’est faite d’abord par les femmes, avant d’être récupérée par les trafiquants de religion qui font office de parti politique.
Je prétends aussi que le score d’ennahdha est encore plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
Dans un contexte historique, ceci n’a rien de choquant ou d’anormal.
En effet, dans tous les pays s’ouvrant au suffrage universel, les femmes ont toujours voté pour les partis conservateurs sous l’influence de l’église et des curés (En France jusqu’à mai 68 notamment).