Le thème :
"Alger - fin des années 1980.
Parce que les islamistes qui recrutaient dans l'énorme
réservoir de jeunes gens vulnérables ont su l'accueillir et lui donner le
sentiment que sa vie pouvait avoir un sens ;
parce que la confusion mentale dans laquelle il était
plongé l'a conduit à s'opposer à ses parents, à sa famille, à ses amis et à
perdre tous ses repères ;
parce que la guerre civile qui a opposé les militaires
algériens et les bandes armées islamistes fut d'une violence et d'une
sauvagerie incroyables, l'abominable est devenu concevable et il l'a commis.
"(4 ème de couverture)
Le roman raconte la lente bascule vers l’intégrisme d’un
ragazzo de la casbah d’Alger, vivant de débrouille et de petits métiers,
espérant percer dans le cinéma.
Ayant trouvé un boulot de chauffeur – homme à tout faire-
chez une famille de la grande bourgeoisie d’Alger, il se retrouve mêlé malgré
lui au meurtre d’une adolescente camée aux mains du fils de son patron (une
sorte de Imed Trabelsi).
Dégouté, il quitte son travail et se met à fréquenter la
mosquée du coin.
Il commence comme coursier pour le compte des imams
locaux avant d’être intégré aux cellules d’action terroriste et finir par
prendre le maquis et égorger des villageois au petit déj.
Le livre décrit merveilleusement la montée de fièvre
islamiste, la vague barbue qui a envahi alger et soumis ses habitants.
Il démonte surtout le mécanisme de recyclage qui sous
couvert de religion, permet à des bandits et des psychopathes de trouver dans la
révolution islamique un prétexte pour perpétuer leur mode de vie, fait de vol,
de violence et de viol.
Bref, un livre indispensable.
Extraits:
" - Tant que l'Algérien n'aura pas droit à son
statut de citoyen à part enitère, tant qu'on le maintiendra au rang de
badaud, tant que l'on continuera, juste pour vérifier qu'il est encore en
vie, de lui crier : "Circulez, il n'y a rien à voir", nous ne
bougerons pas d'ici.
La cohue se
souleva dans un tonnerre de vociférations.
- Nous n'irons nulle
part. Nous resterons ici dans la rue, de jour comme de nuit. Ilspeuvent
toujours nous encercler avec leurs épouvantails de CRS, nous provoquer de leurs
fusils et de leur armada de pacotille, nous ne bougerons pas d'ici. Nous leurdirons
que nous en avons assez de leur cirque, que nous ne marcherons plus dans leurs
combines. Nous ne retournerons vaquer à nos occupations que lorsqu'ils auront
compris, une fois pour toutes, que nous ne voulons plus d'eux,que nous sommes
assez aguerris pour prendre notre destinée en main sans leur assistance. L'ère
pécheresse est révolue.Notre terre est devenue sainte. Leur place
n'est plus parmi nous. Puisqu'ils refusent d'emprunter les voies du
Seigneur, qu'ils aillent donc au diable.
Le FIS venait
de décréter la désobéissance civile .
" p. 92
(...)
"D'un
autre côté, il commençait à prendre goût aux frissons exquis de la
clandestinité, aux risques, à la peur qui le tenait en haleine tandis qu'il
flirtait avec le péril, et au soulagement quasiement extatique qui, comme une
bouffée d'opium, le submergeait de sensations fortes à l'issue de chaque
mission.
Pour la
première fois de sa vie, il se découvrait, prenait conscience de son
envergure, de son importance, de son utilité en tant que personne, en
tant qu'être.
Il existait enfin.
Il comptait.
Il était fier,
convaincu qu'il contribuait à quelque ouvrage grandiose, juste et
indispensable."
....
p. 160